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LES FUSILLÉS DE MALINES

heyden, Keerbergen, Rymenam, Beersel se disséminent comme des sentinelles perdues et leurs clochers, pointant à l’horizon, font songer à des baïonnettes.

Ce coin immaculé, vierge de toute pollution civilisatrice, fournit à la cause patriale le premier noyau de partisans et de martyrs. C’est notre Terre-Sainte, à nous gens de race flamande. Il y a près de cent ans une hécatombe le consacra pour jamais. Le sol est demeuré réfractaire, les sillons se rebiffent et refusent de produire des céréales utilitaires à l’endroit où les genêts burent la sève rouge des paysans. Souvent, au coucher du soleil, la floraison des brandes s’avive, bouillonne, scintille, rougeoie ; la nappe déferle comme un lac tragique et les améthystes religieuses se convertissent en rubis sanglants !…

Aussi, le soir du 21 octobre 1798, elles ne devaient pas être les dernières à sonner, les cloches du cher pays.

Beerlaer… Heyst… Schrieck… Putte… les deux Wavre : Notre-Dame et Sainte-Catherine… Keerbergen… Beersel… Rymenam ! entraient en branle.