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LES FUSILLÉS DE MALINES

Reeth et Mortsel ; au nord-est c’était la mystique et mystérieuse Campine, des lieues de bruyères et de sablons, où les esprits cuvaient le plus d’opprobre et de sainte colère, dont les religieuses paroisses devaient s’insurger presque simultanément, où la conflagration chasserait avec la rapidité d’un feu de prairie dans le Far-West, pays exalté et loyal, race de complexion volcanique, où l’incendie ressemblerait à une explosion.

À l’est de Malines, la Campine et le Hageland, les deux indigentes et nobles régions se rejoignent, s’embrassent comme deux amants fidèles et déshérités, et de leur conjonction naît un site participant, en l’intensifiant encore, de leur affective désolation.

C’est précisément ce terroir de Bonheyden auquel appartenaient nos fermes gars. Entouré de parages fertiles, il fait l’effet d’un désert dans une oasis. Il ne couvre pas une importante superficie, mais tel est son caractère abrupt qu’il donne une impression grandiose et soufflète par son attachante frustesse la banale et grasse cocagne d’alentour.