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LES FUSILLÉS DE MALINES

chez elle le 18 fructidor ; on remanie sa Constitution d’après la dernière mode parisienne ; on purge, à deux ou trois reprises et militairement, son Corps législatif et son Directoire ; on ne souffre à sa tête que des valets ; on ajoute son armée à l’armée française ; on lève en Suisse, vingt mille Suisses pour combattre contre les Suisses et les amis de la Suisse ; on soumet à la conscription la Belgique incorporée ; on opprime, on pressure, on blesse le sentiment national et religieux, jusqu’à soulever des insurrections religieuses et nationales, cinq ou six Vendées rurales et puissantes, en Belgique, en Suisse, en Piémont, en Vénétie, en Lombardie, dans l’État Romain, à Naples et, pour les réprimer, on brûle, on saccage, on fusille…

Naturellement, on ne peut opérer ainsi qu’avec des instruments de contrainte ; il faut aux opérateurs parisiens des automates militaires « des manches de sabre » en quantité suffisante. Or, à force de frapper, on casse beaucoup de manches de sabre, et on est tenu de remplacer ceux qu’on a cassés ; en octobre 1798, il en faut deux cent mille nouveaux, et les jeunes gens qu’on requiert pour cet office manquent à l’appel, se sauvent, et même résistent à main armée, en Belgique notamment, par une révolte de plusieurs mois, avec cette devise :