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LES FUSILLÉS DE MALINES

Sans perdre de temps en lamentations et en giries, sur la proposition de Guillot, on décida de marcher immédiatement sur Malines et de s’en rendre maîtres pour délivrer les camarades. Le camp fut levé. Le soir même, l’armée nationale, forte d’un millier d’hommes, entourait la ville. Sans se douter de l’importance des troupes insurgées, Béguinot opéra une sortie, mais, attaqué simultanément du côté des portes d’Anvers, de Diest et des Vaches, il avait été forcé de morceler la garnison pour tenir tête aux assaillants. Servis par leur supériorité numérique, non moins que par leur bravoure, dès le premier engagement ceux-ci firent éprouver des pertes considérables aux Français. L’issue de l’action était certaine, la retraite allait même être coupée à la garnison, un carnage se préparait, lorsqu’un corps de gendarmes et d’infanterie, envoyé d’Anvers sous le commandement du chef de brigade Mazingant, pour opérer sa jonction avec Béguinot, rencontra les patriotes au Bruinkruis, près de la porte d’Anvers, les chargea avec impétuosité et mit en déroute l’armée nationale.