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LES FUSILLÉS DE MALINES

L’anxiété les dévore. Sans cesse, ils interrompent leurs prières à haute voix, pour prêter l’oreille aux progrès de la canonnade.

Partant de cette idée que les efforts de l’armée nationale tendront à pénétrer dans la ville, selon que la tourmente s’éloigne ou se rapproche, ils en augurent que leurs amis ont le dessous ou le dessus. Combien de fois les prisonniers tombent du plus enivrant espoir dans le plus morne abattement ! À la longue, l’avantage paraît devoir rester aux patriotes. On se bat près des remparts mêmes. Oui, les insurgés remportent. Leur feu, continuellement nourri, étouffe celui des Français, et à en juger par la faiblesse de leur fusillade, ceux-ci cherchent, en fuyant, à regagner la place. Reste à savoir s’ils ne seront pas taillés en pièces par les assiégeants. Mais que signifie ce fracas d’artillerie intervenant dans le lointain ! Sans doute, un renfort d’insurgés pour consommer la déroute des républicains. Pourquoi, dans ce cas, la fusillade reprend-elle avec tant de vivacité de part et d’autre ? Il serait étrange que cet appoint