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LES FUSILLÉS DE MALINES

déroute des pouilleux et courtisaient leurs tyrans jusqu’à piquer des cocardes tricolores à leurs bonnets de coton jouant les bonnets phrygiens.

Ceux qui s’étaient compromis en frayant un instant avec les émeutiers, forgeaient un alibi, achetaient le silence des délateurs ou payaient rançon aux geôliers. On en inquiéta quelques-uns, qu’on relâcha en suite. La politique conseillait de séparer complètement la cause des ruraux de celle des citadins et de garder à ce soulèvement la couleur d’une jacquerie.

Malgré leurs platitudes et leurs palinodies, un placard signifia aux Malinois la mise en état de siège de leur ville. Durant neuf semaines les portes resteraient fermées, et personne n’aurait le droit de sortir des murs sans permission du commandant. Après la retraite les habitants ne circuleraient dans les rues que munis de lumière.

« L’arbre sacré de la liberté a été coupé sur la place, le drapeau tricolore a été arraché, les prisons ont été ouvertes, le sanctuaire des lois a été violé et les archives qu’il renfermait ont été lacérées et brûlées,