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LES FUSILLÉS DE MALINES

perdit l’équilibre, manqua son nouvel adversaire, et fut aussitôt pris au corps et désarmé. Il suffit aussi d’un faux mouvement ou d’une parade moins prompte pour réduire au pouvoir des républicains Gilles Bull, De Golder, Heratens et quelques autres. L’Oiseleur, ayant plongé le coutre armant la hampe de son drapeau dans le poitrail d’un cheval lancé sur lui, ne put se garer à temps et, s’étant abattue, la bête expirante le renversa sous elle.

Béguinot, qui avait suivi, non sans jalouse admiration, cette héroïque résistance, ordonna de surseoir à l’immolation. Il n’aurait garde pourtant de grâcier ces chouans et de les traiter en prisonniers, de guerre. La haine du sophiste jacobin l’emportait sur la magnanimité du soldat. Le bourreau se substituerait simplement au général. Il les frustrait de la mort des braves et leur réservait la peine des déserteurs et des espions. Il ne fit que grandir leur prestige. À leurs lauriers s’ajouteraient des palmes autrement glorieuses !

Les meilleurs, soumis : la dernière lutte cessa. Ils n’avaient pas occupé assez long-