Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
LES FUSILLÉS DE MALINES

cris : Leven de patriotten ! Weg met de Franschen ! s’efforçaient de se concilier ces spectateurs, se donnaient pour leurs alliés, leurs milices secourables, tournaient vers eux leurs francs et radieux visages, si loyaux, si affectifs, les saluaient de leurs voix mâles, tentaient de leur réchauffer l’âme à la flamme généreuse de leurs prunelles !

Efforts stériles ! Ils eussent plus facilement fait lever des épis dans la neige. Pas un regard, pas un geste ne répondit à leurs avances, pas une main ne s’ouvrit aux leurs, aucune bouche ne leur souhaita la bienvenue, nul ne fit un pas pour entrer dans leurs rangs et leurs acclamations ne rencontrèrent aucun écho.

Avec des gloussements de poule craignant pour ses poussins, les femmes retenaient l’un ou l’autre bambin plus communicatif qui, séduit par ces mines ouvertes, aurait voulu danser devant la troupe. Les tsiganes, voleurs d’enfants, n’auraient pas inspiré plus de terreurs à ces bourgeoises.

Les moins prévenus, les moins bouchés éprouvaient pour ces gueux enthousiastes