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rement. Celui-ci dit à Auguste qu’il croyait que le second l’avait empoisonné, et qu’il craignait fort que son tour ne vînt bientôt, s’il n’avait pas l’œil ouvert. Il n’y avait donc plus de son parti que lui-même, Jones et le coq, et de l’autre côté ils étaient cinq. Il avait parlé à Jones de son projet d’ôter le commandement au second, et l’idée ayant été assez froidement accueillie, il s’était bien gardé d’insister sur la question, ou d’en toucher un seul mot au coq. Bien lui en prit d’avoir été prudent ; car, dans l’après-midi, le coq exprima l’intention de se ranger du parti du second, et finalement il tourna de son côté ; cependant que Jones saisissait une occasion de chercher querelle à Peters, et lui faisait entendre qu’il informerait le second du plan qui avait été agité. Il n’y avait évidemment pas de temps à perdre, et Peters exprima sa résolution de tenter à tout hasard de s’emparer du navire, pourvu qu’Auguste lui prêtât main-forte. Mon ami l’assura tout de suite de sa bonne volonté à entrer dans n’importe quel plan conçu dans ce but, et, pensant que l’occasion était favorable, il lui révéla ma présence à bord.

Le métis ne fut pas moins étonné qu’enchanté ; car il ne pouvait plus en aucune façon compter sur Jones, qu’il considérait déjà comme vendu au parti du second. Ils descendirent immédiatement ; Auguste m’appela par mon nom, et Peters et moi nous eûmes bientôt fait connaissance. Il fut convenu que nous essayerions de reprendre le navire à la première bonne occasion, et que nous écarterions complètement Jones de nos conseils. Dans le cas de succès, nous devions faire entrer le brick dans le premier port qui s’offrirait, et là le remettre entre