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mais le décider à y toucher ou même à en approcher ; il se mit à trembler quand nous voulûmes l’y contraindre, criant de toute sa force : Tekeli-li !

Quand nous eûmes terminé tous nos arrangements relativement à la sûreté du canot, nous naviguâmes vers le sud-sud-est, de manière à doubler l’île du groupe située le plus au sud. Cela fait, nous tournâmes l’avant droit au plein sud. Nous ne pouvions en aucune façon trouver le temps désagréable. Nous avions une brise très-douce qui soufflait constamment du nord, une mer unie, et un jour permanent. Nous n’apercevions aucune glace, et même nous n’en avions pas vu un morceau depuis que nous avions franchi le parallèle de l’îlot Bennet. La température de l’eau était alors vraiment trop chaude pour laisser subsister la moindre glace. Nous tuâmes la plus grosse de nos tortues, d’où nous tirâmes non-seulement notre nourriture, mais encore une abondante provision d’eau, et nous continuâmes notre route, sans aucun incident important, pendant sept ou huit jours peut-être ; et durant cette période nous dûmes avancer vers le sud d’une distance énorme, car le vent fut toujours pour nous, et un très-fort courant nous poussa continuellement dans la direction que nous voulions suivre.

1er mars[1]. — Plusieurs phénomènes insolites nous indiquèrent alors que nous entrions dans une région de nouveauté et d’étonnement. Une haute barrière de va-

  1. Pour des raisons qui sautent aux yeux, je n’affirme en aucune façon l’exactitude précise de ces dates. Je ne les donne que pour éclaircir le récit, et je les transcris telles que je les trouve dans mes notes au crayon. — E. A. P.