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immédiatement à se dépouiller de ses vêtements, à l’exception de son pantalon ; et une forte corde fut soigneusement assujettie autour de sa taille, que nous ramenâmes par-dessus ses épaules, de manière à l’empêcher de glisser. L’entreprise était pleine de difficulté et de danger ; car, comme nous n’espérions pas trouver grand’chose dans la chambre, à supposer même qu’il y eût encore quelques provisions, il fallait que le plongeur, après s’être laissé descendre, fît un tour à droite et marchât sous l’eau à une distance de dix ou douze pieds, à travers un passage étroit, jusqu’à la cambuse, et revînt enfin sans avoir pu respirer.

Tout étant prêt, Peters descendit dans la cabine en suivant l’échelle jusqu’à ce que l’eau lui atteignît le menton. Alors il plongea, la tête la première, tourna à droite après avoir plongé et s’efforça de pénétrer dans la cambuse ; mais à la première tentative il échoua complètement. Il n’y avait pas une demi-minute qu’il avait disparu que nous sentîmes la corde secouée violemment ; c’était le signal convenu pour le retirer de l’eau quand il le désirerait. Nous le tirâmes donc immédiatement, mais avec si peu de précautions que nous le meurtrîmes cruellement contre l’échelle. Il ne rapportait rien avec lui, et il lui avait été impossible d’aller au delà d’un très-petit espace à travers le couloir, à cause des efforts constants qu’il lui fallait faire pour ne pas remonter et flotter contre le pont. Quand il sortit de la cabine, il était très-épuisé, et dut se reposer quinze bonnes minutes avant de se hasarder à redescendre.