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à la campagne, chez les paysans et les pêcheurs. Les hommes, vigoureux et bronzés, sont grands et d’air farouche. Leur type a quelque chose à la fois du Grec et de l’Arabe. Les femmes, indolentes et presque aussi cloîtrées qu’en Orient, ont conservé le type des conquérants Maures : l’ovale régulier du visage et les grands yeux lourds.

Le costume du paysan sarde est resté presque maure : un bonnet rouge, retombant en serre-tête pointu sur l’épaule, une veste courte à manches fendues par-dessus le gilet, ornée de passementerie et de deux rangées de petits boutons ronds en soie. La culotte est cependant étroite relativement, jusqu’aux guêtres, mais les Sardes mettent la chemise blanche, ronde, par-dessus les chausses blanches aussi.

Chose étrange : les femmes de Cagliari n’ont pas conservé de costume national et portent la jupe et le caraco disgracieux des Italiennes, avec, sur leurs cheveux noirs, un mouchoir clair pour les jeunes et noir pour les vieilles.

Ici, aucune classe de femmes ne correspond au demi-monde : la courtisane appartient à la plus sordide misère, n’y arrive d’ailleurs qu’après bien des vicissitudes. Les quelques jeunes femmes un peu jolies, un peu fraîches que l’on peut voir sur la Via Roma ou sur le Corso, le soir, sont Italiennes.

La majorité des Cagliaritaines du peuple vont pieds nus. Pourtant, nulle part ailleurs, je n’ai vu autant d’échoppes de cordonniers. Pour qui