Page:Eberhardt - Contes et paysages, 1925.pdf/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tandis qu’envers lui, même les services de Rezki, si raide, si figé, ressemblaient à des prévenances. Même dans la lutte constante qu’il avait à soutenir contre la mauvaise volonté des indigènes qui ne voulaient pas suivre ses prescriptions, ni surtout améliorer leur hygiène, Jacques avait remporté quelques victoires. Il avait acquis l’amitié des plus intelligents d’entre eux, les marabouts et les taleb. Par son respect de leur foi, par son visible désir de les connaître, de pénétrer leur manière devoir et de penser, il avait gagné leur estime qui lui ouvrit beaucoup d’autres cœurs, plus simples et plus obscurs.

Pourquoi régner par la terreur ? Pourquoi inspirer de la crainte qui n’est qu’une forme de la répugnance, de l’horreur. Pourquoi tenir absolument à l’obéissance aveugle, passive ? Jacques se posait ces questions et, sincèrement, tout ce système d’écrasement le révoltait. Il ne voulut pas l’adopter.

Un jour, le capitaine fit appeler le docteur dans son bureau.

— Écoutez, mon cher docteur ! Vous êtes très jeune, tout nouveau dans le métier… Vous avez besoin d’être conseillé… Eh bien, je regrette beaucoup d’avoir à vous le dire, mais vous ne savez pas encore très bien vous orienter ici. Vous êtes d’une indulgence excessive avec les hommes… Vous comprenez, comme commandant d’armes, je dois veiller au maintien de la discipline…