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étangs profonds, à la surface immobile et attirante, où se reflétaient les frondaisons graciles des palmiers, les feuilles charnues des figuiers, et les pommes rouges des grenades…

Puis, tout à coup, sans transition, le désert s’ouvrait, plat, immense, d’une blancheur aveuglante. Le sol spongieux se recouvrait d’une mince couche de sel, avec de larges lèpres d’humidité brune.

Tout cela flambait, scintillait à l’infini, avec, très loin à l’horizon, de minces taches noires qui étaient d’autres oasis.

Et, à midi en été, le mirage se jouait là, dans la plaine morte, d’où la bénédiction de Dieu s’était retirée…

En hiver, les chotts et les sebkhas s’emplissaient d’une eau claire, azurée ou laiteuse, et les aspérités du sol formaient dans ces mers perfides des archipels multicolores…

Vêtu comme les indigènes, Andreï vivait de leur vie, accepté d’eux et bientôt aimé, car il était sociable et doux, et les guérissait presque toujours, quand, malades, ils venaient lui demander conseil.

— Il deviendra Musulman, disaient-ils, l’ayant entendu répéter souvent que Mohamed était un prophète, comme Jésus et comme Moïse, venus tous pour indiquer aux hommes des voies meilleures.