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AMARA
LE FORÇAT



Un peu par nécessité, un peu par goût, j’étudiais alors les mœurs des populations maritimes des ports du Midi et de l’Algérie.

Un jour, je m’embarquai à bord du Félix-Touache, en partance pour Philippeville.

Humble passager du pont, vêtu de toile bleue et coiffé d’une casquette, je n’attirais l’attention de personne. Mes compagnons de voyage, sans méfiance, ne changeaient rien à leur manière d’être ordinaire.

C’est une grave erreur, en effet, que de croire que l’on peut faire des études de mœurs populaires sans se mêler aux milieux que l’on étudie, sans vivre de leur vie…

C’était par une claire après-midi de mai, ce départ, joyeux pour moi, comme tous les départs pour la terre aimée d’Afrique.