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pagnon le mur opposé à la cheminée.

— Si nous manquons d’armes…

— C’est la panoplie de Madden, expliqua Holley. Wong me l’a fait voir un jour. Toutes ces armes demeurent chargées. Si jamais vous désirez battre en retraite, dirigez-vous de ce côté. — Il jeta autour de lui un regard inquiet. — Ce forban ne nous a pas dit qu’il allait chercher Madden.

— C’est exact, fit Eden en regardant attentivement de tous côtés.

Une question importante le tourmentait. Où était Charlie Chan ?

■■

Ils attendaient, toujours debout. Lentement une grande horloge, placée au fond de la salle, sonna neuf heures. Le feu crépitait ; le diffuseur déversait inlassablement ses sonorités métalliques.

Soudain, la porte par laquelle Thorn était sorti se rouvrit derrière eux, ils se retournèrent. Dans l’encadrement, dressé comme une tour de granit, dans les vêtements qu’il affectionnait, se tenait l’homme que Bob Eden avait rencontré en descendant l’escalier du bureau de son père : Madden, le célèbre financier… P. J. Madden en personne.

Bob en ressentit tout d’abord un immense soulagement, comme si on lui enlevait un poids de dessus ses épaules. Mais presque aussitôt il éprouva une vive déception. Son ardente jeunesse réclamait les fortes émotions, l’aventure… L’apparition de Madden éclatant de vie et de santé réduisait à néant le grand drame du désert et rendait inutiles ses craintes et ses précautions. Il suffirait de remettre les perles — dès l’arrivée de Chan — et l’existence morne et sans intérêt le reprendrait à jamais.

Will Holley souriait.

— Bonsoir, Messieurs, fit Madden. Enchanté de vous voir. Martin, ajouta-t-il, s’adressant à son secrétaire qui l’avait suivi, faites taire ce maudit appareil. Un orchestre, Messieurs, dans une salle de bal d’un hôtel à Denver. Et qui prétend que le temps des miracles est passé ?

Sous les doigts de Thorn, le jazz mourut avec un hoquet de protestation.

— Dites-moi, reprit Madden, lequel de vous vient de Post Street ?