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et souriant, pénétrait dans l’appartement. L’angoisse paternelle, comme presque toujours en pareil cas, se mua en une vive colère.

— En voilà un fichu homme d’affaires ! rugit Eden.

— Je t’en prie, papa, trêve de compliments ! riposta gaiement Bob. Dire que depuis une heure, je déambule dans tout San Francisco à ton service !

— Cela ne m’étonne pas de toi. Tu étais chargé de joindre M. Chan sur le quai.

— Un instant, papa, fit Bob en se débarrassant de son imperméable. Bonjour, madame Jordan, bonjour, Victor. M. Chan je vous salue.

— Excusez-moi de vous avoir manqué à l’arrivée du bateau. C’est ma faute, murmura Chan.

— Mais non ! protesta le joaillier. C’est sa faute à lui ; il ne changera jamais ! Pour l’amour de Dieu, quand donc acquerras-tu le sens de tes responsabilités ?

— C’est précisément le sens de ces responsabilités, comme tu le dis si bien, qui a déterminé ma conduite aujourd’hui.

— Bon sang ! Que me chantes-tu là ? Es-tu seulement allé au-devant de M. Chan ?

— Oui et non.

— Comment ?

— L’histoire est longue et je te la raconterai si tu cesses de m’accabler d’injustes reproches. Permettez que je m’assoie. Je tombe de fatigue d’avoir marché.

Il alluma une cigarette.

— Vers cinq heures, lorsque je sortis du club pour me rendre au bateau, je n’aperçus dans la rue qu’un vieux taxi délabré. J’y sautai et, arrivé au quai, je constatai que le chauffeur avait une mine patibulaire, la joue balafrée, une oreille en