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Un éclair passa dans le regard mauvais de Madden.

— Oui, oui ! Il est ici. Vous pensez qu’il a encore les perles ?

— J’en suis certain. Il les porte dans une ceinture spéciale. Faites-le venir et je lui ordonnerai de vous les remettre immédiatement.

— Parfait ! s’exclama Madden. Si vous voulez bien attendre dans cette chambre, M. Jordan, je vous appellerai dans une minute.

— Bien, Monsieur, acquiesça Victor, toujours très courtois envers les riches.

Madden le fit passer dans sa chambre à coucher.

— Quelle veine ! fit le millionnaire en se frottant les mains. Dire que ce sacré cuisinier !…

Il alla à la porte du patio et appela :

— Ah Kim !

Le Chinois entra, traînant les pieds.

— Quoi y a, Mossié ?

— Il y a que je voudrais vous dire un mot, dit Madden d’un ton aimable. Où avez-vous travaillé avant de venir ici ?

— Moi tlavailler paltout, Mossié. Mettle molceau de bois sur la telle poul tlain.

— Où ? Dans quelle ville travailliez-vous en dernier lieu ?

— Pas dans ville, Mossié. Moi tlavailler dans campagne.

— Vous voulez dire que vous posiez des traverses de bois sur la voie ferrée du désert ?

— Oui. Mossié.

Madden se rejeta en arrière dans son fauteuil et introduisit ses pouces dans les entournures de son gilet.

— Ah Kim, tu es un fichu menteur ! Je ne connais pas ton rôle dans cette affaire, mais assez ton petit jeu. — Madden se leva et alla vers la porte. — Entrez Monsieur, fit-il, et Victor Jordan pénétra dans la salle. Chan fronça le sourcil.

— Charlie, que signifie cette histoire ? demanda Victor. Que fichez-vous dans cet accoutrement mélodramatique ?

Chan ne répondit point. Madden éclata de rire.

— Voyons. Charlie, puisque c’est ainsi qu’on t’appelle, cesse de jouer la comédie. Voici M. Jordan, un des propriétaires du collier que tu portes dans ta ceinture.

Chan haussa les épaules.

M. Jordan escamote la vérité, dit-il, abandonnant son horrible jargon, avec un soupir de soulagement. Il n’a aucun droit