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dences. Pourquoi me posez-vous cette question ?

— Je voulais savoir s’il n’avait jamais cité devant vous le nom de P. J. Madden.

Elle tourna vers lui de grands yeux innocents d’enfant étonnée.

— Qui ça, P. J. Madden ?

— Un des plus riches banquiers du pays. Si vous lisez les journaux…

— Je n’en ai pas le temps. Mon travail m’absorbe pendant de longues heures.

— Je vous crois. Mais voici la question : Où est Jerry ? Je suis très inquiet à son sujet.

— Inquiet ? Pourquoi ?

— Oh ! Vous n’ignorez point les risques qu’on court dans la situation de Jerry.

— Je n’en sais rien du tout. Quels risques ?

— Laissons cela pour l’instant. Voici le fait : Jerry Delaney arriva à Barstow il y a eu une semaine mercredi matin et peu après il disparaissait de la surface du globe.

Une expression d’effroi parut dans le regard de la femme.

— Vous pensez qu’il a été victime… d’un accident ?

— Je le crains. Mademoiselle. Vous connaissez comme moi l’imprudence de Jerry.

La jeune femme garda un instant le silence, puis elle fit :

— Oh ! oui. Jerry, comme tous les Irlandais aux cheveux rouges…

— Précisément… fit Bob Eden, avec un peu trop de hâte.

Les yeux verts de miss Fitzgerald prirent une expression méchante.

— Ah ! vous avez connu Jerry chez Mac Guire ?

— Mais oui.

— Et depuis quand a-t-il les cheveux rouges ? J’y pense maintenant. Hier soir j’ai vu un policeman au coin de la Sixième rue… un joli garçon, ma foi. Vous avez de beaux types dans la police, par ici.

— Que me racontez-vous là ?

— Mêlez-vous de vos affaires. Si Jerry Delaney a des ennuis, je n’y suis pour rien, mais un ami reste un ami et je ne vous fournirai aucun renseignement sur son compte.

— Vous ne me comprenez point.

— Oh ! si ! Vous pouvez trouver Jerry sans mon aide. À la vérité, je ne sais point où il se trouve.

Eden se leva et dit en souriant :

— Quoi qu’il en soit. Mademoiselle, j’ai beaucoup aimé votre voix.

— Voyez-vous ces mouchards !… Quelle galanterie ! Après tout, je ne puis vous empêcher de m’écouter à la radio… le concert est gratuit pour tout le monde.

Décontenancé, Bob Eden revint au Square Pershing et se laissa choir sur le banc à côté de Chan.

— Pas de chance ! Je vois cela sur votre visage, remarqua le détective.

Bob raconta son entrevue avec l’actrice.

— Je suis honteux de ma déconfiture, dit-il en terminant. Elle m’a traité de mouchard… c’était encore un compliment.

— Cessez de vous chagriner. Vous avez eu affaire à une femme rouée, voilà tout.