touré d’aigrefins. Vous avez certainement quelques raisons pour parler ainsi ?
— Aucune, mais un homme si riche et si éminent doit inévitablement susciter des jalousies.
Pour la première fois, Chan parla à M. Fogg :
— Peut-être savez-vous pour quel motif M. Madden craint un individu nommé Jerry Delaney ?
Fogg leva les yeux vers Chan, mais ne répondit pas.
— Jerry Delaney ! répéta Bob Eden. Avez-vous déjà entendu ce nom, M. Fogg ?
— Voici ce que je puis vous dire. À certains moments, le patron se laisse aller devant moi à des confidences. Voilà quelques années, il fit installer des sonnettes d’alarme dans toute la maison. Je rencontrai M. Madden dans le vestibule pendant que les électriciens travaillaient aux fenêtres.
« — De cette façon, me dit-il, nous aurons le temps d’aviser si quelqu’un essaie de pénétrer chez moi.
« — Un grand homme comme vous doit avoir quantité d’ennemis, M. Madden ?
« Il me regarda d’un air bizarre.
« — Je ne crains qu’un seul être au monde… un seul.
« Je sentis croître mon aplomb et l’interrogeai :
« — Qui donc, M. Madden ?
« — Jerry Delaney. Souvenez-vous de ce nom si jamais il m’arrivait quelque chose.
« Je le promis. Comme il s’éloignait, je poussai l’audace jusqu’à lui demander :
« — Pourquoi redoutez-vous ce Delaney ?
« Il ne répondit pas tout de suite. Son regard se posa sur moi pendant quelques secondes et il ajouta :
« — Jerry Delaney pratique un métier inavouable et il y réussit trop bien.
« M. Madden passa dans la bibliothèque et je ne le questionnait pas davantage. »