Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vant l’épicerie voisine. Bob alla sous le porche.

— Ah Kim ! cria-t-il.

Le petit détective chinois approcha et, sans un mot, pénétra dans le bureau.

— Charlie, dit Bob Eden, je vous présente un de mes amis, M. Will Holley. Holley… le sergent Chan, de la Police d’Honolulu.

En entendant prononcer son véritable nom, Chan fronça le sourcil.

— Rassurez-vous, Charlie. On peut avoir pleine confiance en M. Holley. Je lui ai tout raconté.

— Je suis loin de mon pays, fit Chan. Je préfère ne me fier à personne. M. Holley voudra bien excuser mon impertinence.

— Ne vous tourmentez point à mon sujet, dit Holley. Je vous promets de ne rien répéter à personne.

— Enfin, peu importe, observa Eden. Chan, je commence à croire que nous poursuivons des chimères… J’en ai référé à M. Holley et d’après lui il ne se passe rien d’anormal au ranch. Ce soir en rentrant nous donnons les perles à Madden et en route pour San Francisco !

Le visage de Chan s’obscurcit.

— Voyons, ajouta le jeune homme, il faut avouer que nous avons agi comme des vieilles femmes…

Une expression de dignité offensée parut sur la petite figure ronde du détective.

— Une minute, s’il vous plaît. Permettez à la vieille femme de radoter encore un peu. Il y a quelques heures, le perroquet tombe de son perchoir dans l’éternité. Mort, comme César…

— Eh bien ! dit Eden, agacé. Il est mort de vieillesse. Ne discutons pas sur ce point.

— Qui veut discuter ? Pour ma part, je hais ce moyen de passer le temps. Toute vieille femme que je suis, j’appuie mes raisonnements sur des faits… des faits probants.

Il étala une feuille de papier blanc sur le bureau de Holley et, tirant une enveloppe de sa poche, il en versa le contenu sur le papier.

— Examinez ceci. C’est une partie de la nourriture que contenait la mangeoire de Tony. Voulez-vous me dire ce que vous voyez-là ?

— Du chènevis, nourriture ordinaire des perroquets, répondit Bob.

— Bien, de la graine de chanvre… Mais ceci… cette poudre fine d’un blanc grisâtre, mêlée en grande quantité au chènevis ?

— Sacrebleu ! s’exclama Holley.

— Avant de venir chez l’épicier, je me suis arrêté chez le pharmacien du coin. Ce savant a fait l’analyse de la poudre. Qu’a-t-il trouvé ?

— De l’arsenic ! suggéra Holley.

— Parfaitement, de l’arsenic. On en vend beaucoup aux habitants des fermes