Page:EDMA - La psychanalyse, Le Livre de Poche, 1975.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Attachement

1. À la jonction de l’éthologie et d’un nouveau courant anglo-saxon de la psychanalyse, la théorie de l’attachement comme tendance primaire, antérieure à la pulsion sexuelle, bouleverse la psychanalyse traditionnelle et certains concepts essentiels de la biologie. Elle opère également une réorganisation de la psychologie génétique et inaugure une théorie nouvelle de l’affectivité.

2. La théorie freudienne des pulsions, de même que les théories de l’apprentissage, faisaient dépendre toute tendance psychique d’un état biologique préalable. Or, en 1958, l’éthologue américain Harlow et le psychanalyste anglais Bowlby établissent que chez le nouveau-né (le singe ou l’enfant humain), les liens d’affection avec la mère ne sont pas greffés sur la satisfaction du besoin de nourriture. Il s’agit d’une tendance originelle et permanente à rechercher la relation à autrui.

3. Les éthologues, notamment Konrad Lorenz, vont multiplier les observations qui montrent chez l’animal, l’oiseau par exemple, une réaction primaire d’attachement et de tendresse, un besoin absolu d’amour. Ainsi, les choucas se « fiancent » longtemps avant l’union physique et leur mariage dure très longtemps. Harlow, en donnant au bébé singe des substituts de mère, a démontré expérimentalement la prévalence du contact (fourrure, chaleur) sur le besoin de nourriture.

4. On aurait donc un schéma inverse de celui de Freud. Pour les animaux supérieurs et pour l’homme, c’est l’amour qui conduit à la sexualité et non l’inverse. Si l’affection précède en nous la sexualité, la nature sociale de l’homme serait une hypothèse beaucoup plus probable que l’explication de l’être humain par l’individualité biologique qui prime dans le freudisme.

5. Le thème du « socius » que l’on trouve chez Pierre