Page:EDMA - La psychanalyse, Le Livre de Poche, 1975.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114

Homme aux rats (L’)


1 Publié en 1909, un an après la fin de la cure, l’exposé du cas de l’ « Homme aux rats » relate la guérison d’une névrose obsessionnelle grave. Elle ébauche également les premiers fondements de la théorie freudienne sur l’analogie des névroses avec l’activité mentale des primitifs.

2 Âgé d’une trentaine d’années, l’ « Homme aux rats » avait dû renoncer, en dépit d’une vive intelligence, à toute vie pratique. Inhibé par un doute paralysant il était la proie de ruminations obsessionnelles morbides qu’il tentait de conjurer par l’accomplissement de rites complexes, il avait été bouleversé par le récit d’un supplice chinois dans lequel on renversait sur les fesses du supplicié un bocal plein de rats qui cheminaient en lui après lui avoir dévoré l’anus. Persuadé que son amie et son père, mort pourtant depuis des années, risquaient de subir ce traitement, il ritualisait à l’infini ses moindres actions pour le leur épargner. Il éprouvait par ailleurs une satisfaction manifeste à exécuter successivement des actes contradictoires, révélant ainsi la double nature antagoniste de son « moi » divisé.

3 Dans la névrose obsessionnelle, en effet, le refoulement dissocie les éléments du schéma infantile de la maladie. La représentation de l’incident pathogène subsiste dans la mémoire consciente, mais sa charge affective est refoulée dans l’inconscient. Elle se manifeste par des troubles non pas corporels, comme dans la conversion hystérique, mais psychiques. Agissant sous l’effet d’une force intérieure contraignante mais inaperçue (compulsion), l’obsédé établit des rapports de causalité illusoires entre ses actions et leurs motivations supposées.

4 Ayant reçu de son père, dans sa petite enfance, un châtiment corporel à la suite d’un méfait d’ordre sexuel, l’ « Homme aux rats » s’était révolté contre une autorité qui s’opposait à la satisfaction de ses désirs éro-