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PREMIÈRE ARGUMENTATION.

« Je ramène tous ces faits à leur véritable expression, en disant que les céphalopodes ont plusieurs organes qui leur sont communs avec les vertébrés, et qui remplissent chez eux des fonctions semblables ; mais que

    coup moins d’organes entrent en jeu, il ne s’ensuit pas que leurs organes manquent aux relations voulues par le pouvoir des générations successives. L’organe A sera dans une relation insolite avec l’organe C, si B n’a pas été produit, si l’arrêt de développement, ayant frappé trop tôt celui-ci, en a prévenu la production. Voilà comment il y a des dispositions différentes, comment sont des constructions diverses pour l’observation oculaire.

    Les céphalopodes ne formant passage à rien, seraient dans nos séries zoologiques une éternelle objection au principe de l’enchaînement nécessaire des faits naturels ! et ceci, on viendrait à l’affirmer sur le motif qu’il est entre eux et les animaux qui s’en éloignent le moins, un hiatus plus considérable qu’on ne le voit ailleurs ! Mais n’est-il pas quelque chose de plus vraiment scientifique qu’un tel résultat d’observations, donné comme une anomalie absolue ? D’anomalies, pour le naturaliste philosophe, il n’en est que de relatives, qui se résolvant en difficultés, et attaquant les théories faites, obligent de les modifier. Cela posé, que d’essentiel, que de vrai à considérer chez les céphalopodes ?

    Toute partie organique est le produit de deux systèmes, le sanguin et le nerveux : tous deux, dans leurs développemens successifs, se suivent régulièrement. Il n’en est point ainsi chez les céphalopodes : cet état de règle y est en défaut. Le système sanguin y prend un très grand développement ; le développement du système nerveux y est moindre. Que leurs viscères de la nutrition et de la reproduction, accrus par l’hypertrophie du système sanguin, aient été le sujet des premières études, il a fallu d’après cette observation remonter les céphalopodes dans