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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

jours le naturaliste ? Eh quoi ! nous pourrions, en nous abandonnant à notre jugement, préférer le mieux à ce qui est. Se féliciter de ce que la Nature ait échappé à une sorte d’esclavage, c’est donner à entendre que les spéculations de notre faible raison pourraient entrer pour quelque chose, compter comme un correctif dans les arrangemens pourtant si admirables de l’univers.

J’entends tout autrement les devoirs du naturaliste : s’il prend pour bon tout ce qui est, s’il en recherche la connaissance par l’observation et s’il l’expose sans phrase à effet, il s’est renfermé dans le rôle d’un simple historien des faits ; rôle dont il lui est défendu de jamais sortir.

Vous répugnez par des considérations d’utilité en faveur de la jeunesse à de certaines analogies. C’est déplacer la question. Ces analogies sont ou non la juste expression généralisée d’observations particulières ; voilà le seul point qu’à titre de naturalistes, nous soyons appelés à juger. Vraies, et fussent-elles même difficiles à saisir, nous leur devons accueil ; fausses, seraient-elles de nature à faciliter les premiers pas de la jeunesse, il convient de les rejeter. La majesté des sciences réside tout entière dans le respect pour la vérité ; et c’est s’en écarter, je crois, que d’argumenter par des raisonnemens comme celui-ci.

« Sans doute il est plus commode pour un étu-