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SUR LES OS HYOÏDES.

Qui se rappelle aujourd’hui que dans les premières années de la révolution, des classificateurs selon la méthode linnéenne, naturalistes occupés seulement d’espèces, vinrent au Jardin du Roi, placer sous le plus ancien de nos cèdres du Liban, un buste de Linnéus ? Ils voulaient beaucoup moins honorer le plus grand naturaliste des temps modernes, que protester contre le développement de l’école de Buffon, à laquelle ils reprochaient de trop s’abandonner aux séductions de l’imagination et de la poésie ; efforts malheureux, dont la postérité n’a tenu aucun compte ! C’est que le Public, où aboutissent tous les sentimens divers, où se concentrent tous les besoins des classes, et qui jouit ainsi d’une vue instinctive aussi sûre qu’étendue, rejette comme erronées toutes ces condamnations de l’esprit de parti. La force et l’élévation de la pensée s’empreignent nécessairement d’imagination et de poésie : les écrits de Buffon sont des faits développés qui le prouvent incontestablement. On le sait maintenant, aujourd’hui que tant d’éditions de l’Histoire naturelle se succèdent aussi rapidement ; sorte de monumens, qui répètent à leur manière et qui sanctionnent ce jugement de ses contemporains, ce cri d’admiration que Buffon entendit de son vivant, qu’il vit tracé au bas de sa statue ; majestati naturæ par ingenium.