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SECONDE ARGUMENTATION.

à nous, naturalistes ordinaires, serait bien simple : c’est que l’os hyoïde, prenant, dans l’alouatte, une destination spéciale, y devenant un instrument puissant de la voix, avait besoin d’autres attaches ; la théorie des analogues ne s’en tirera pas si aisément. Mais passons[1]. »

  1. SUR L’HYOÏDE DE L’ALOUATTE.

    Mais passons… Je vais au contraire m’arrêter sur ce paragraphe, et j’invite les esprits réfléchis à le faire pareillement avec moi. Les vues qui nous divisent se montrent là très manifestement : à des faits précis, donnons leur explication avec rigueur.

    Long-temps avant les jours de notre controverse, c’est-à-dire, en 1778, la question concernant l’hyoïde de l’alouatte était déjà une chose jugée : ce fut par le plus grand anatomiste de cette époque, le célèbre Camper. Esprit vaste, aussi cultivé que réfléchi, il avait sur les analogies des systèmes organiques un sentiment si vif et si profond, qu’il recherchait avec prédilection tous les cas extraordinaires, où il ne voyait qu’un sujet de problèmes, qu’une occasion d’exercer sa sagacité, employée à ramener de prétendues anomalies à la règle. La publication de l’hyoïde caverneux de l’alouatte, dans le quinzième volume de l’Histoire naturelle, eut cet effet sur lui, et le préoccupa vivement. Vicq d’Azir lui avait montré à Paris, en 1777, deux hyoïdes d’alouatte. De retour en Hollande, il en parcourt toutes les riches collections publiques et particulières ; et, après des recherches long-temps inutiles, il trouve enfin chez M. Klokner un alouatte dans la liqueur, qu’il obtient et qu’il emporte à sa campagne pour l’y aller disséquer sans délai.

    Son travail achevé, il en fit la matière d’une lettre qu’à la date du 15 novembre 1778 il écrivit à Buffon.

    Camper avait été servi dans sa prévision : il ramena facilement