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NOUVEAUX DÉVELOPPEMENS

admirables harmonies de toutes les parties caractéristiques de l’intérieur de la bouche : elles ont été parfaitement observées et demeurent fixées dans un fort beau dessin du peintre M. Werner ; dessin que j’ai mis, le 7 avril, sous les yeux de l’Académie. Un tel dessin forme à lui seul un mémoire très bien étudié : le pinceau en a ainsi rassemblé les parties en attendant sa définitive explication par la plume : je m’en tiens aujourd’hui à cette seule réflexion, exprimant la principale considération qui domine ici. Là nulle chance, où n’est pas organe ad hoc, pour ce va et vient d’air et de lait, pour la production alternative qui constitue l’acte du tété. Que cela fût encore demeuré possible, et que le fluide ambiant pût ainsi arriver dans l’arrière-bouche, il y aurait eu mixtion des deux liquides, mélange du lait avec l’eau, fusion malencontreuse, et conséquemment une confusion de molécules tout-à-fait opposée au but de la fonction, qui est la substantation du petit. Car chacun sait ce qu’est devenu le canal nasal des cétacés : on le sait frappé d’une si grande anomalie, que l’on en est venu à changer son nom en celui de canal de l’évent ; il traverse le crâne verticalement, et débouche intérieurement très en arrière. Une autre combinaison, toute aussi cétacéenne, c’est-à-dire toute aussi frappée d’anomalie, s’harmonise avec ce désordre apparent, en faisant arriver sur l’avant du palais l’entrée de l’œsophage : au moyen de cet arrangement, le lait, une fois lancé par l’appareil mamellaire, tombe sans difficulté, ou plutôt s’engouffre de lui-même dans le vaste œsophage mis à portée