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SCIENTIFIQUE.

M. de Blainville, s’appuyant, selon moi, avec une apparence de raison, sur les faits positifs, allégués dans la lettre de M. Sorel, lequel fut long-temps embarqué à bord d’un bâtiment baleinier. Croiriez-vous sortir aussi bien de cette autre difficulté, d’une objection qui vous est ainsi portée par un témoin oculaire, sans intérêt dans la controverse ?

Moi. Oui, oui ; encore plus facilement. En effet, le sens de cette lettre, c’est que M. Sorel, restant sous la prévention de l’ancien savoir au sujet de la lactation des Cétacés, entendit reproduire, sous tous les rapports, tous et chacun des faits de la lactation ordinaire des Mammifères : disposé à prouver le principal point de la discussion, c’est-à-dire le fait de la saisie des tétines, il n’oppose que sa certitude d’une succion incontestablement complète. Toutes les preuves qu’il allègue à cet effet, je vais les reprendre et les retourner contre sa thèse. C’est si bien du lait (mais qui lui contestait ce point dans la séance du 7 avril ?) que fournissent les glandes de la baleine, que les gens de l’équipage s’en allaient, après la capture d’une femelle, puiser à ces sources fécondes le lait nécessaire à leur déjeuner, consistant en café au lait : il suffisait pour en obtenir de presser sur la glande.

Avant de conclure à cet égard, je vais rappeler une autre communication faite par M. de Blainville à l’Académie, celle d’un passage du Museum Wormianum, page 282, où il est dit que dans le détroit de Stavang, côte Norvégienne, une baleine échoua en 1649, et qu’une dame de la cour s’employa elle-même à faire jaillir, suis manibus emulsit, jusqu’à plus de trois mesures d’un lait fort blanc dont elle fit présent au roi.

De l’accord de ces deux faits, je conclus l’existence et l’emploi d’un réservoir grand et unique, c’est-à-dire d’un réservoir existant dans toutes les circonstances que j’ai spécifiées dans mes précédens mémoires.

M. Sorel rapporte ensuite, en preuve que les petits tètent, que les mères après les avoir reçus sur la queue en jouant avec eux, se plaisaient à les lancer en l’air, d’où ils tombaient à plomb sur les mamelles, ou même que les petits s’y portaient par bonds et s’y précipitaient avec avidité. Cela même, et à peu près en ces termes, je l’ai rapporté dans mon mémoire du 24 mars, comme étant la déduction des considérations anatomiques posées dans mon écrit du 17. Ainsi, cette observation