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CONTROVERSE

pièces de son envoi, et les conservateurs des collections publiques qui étiquetaient mamelles de cétacés des morceaux consistant dans le sillon mamellaire : l’erreur fut de prendre l’une des trois parties élémentaires de l’organe pour l’organe entier, et cette erreur était inévitable à ceux qui cherchaient là le fait de la mamelle de la femme. Car chez celle-ci son bout de sein extérieur est opposée immédiatement et correspond en dedans à la glande mammaire ; mais il n’en est point ainsi des Cétacés, chez lesquels sont trois choses distinctes et dans trois régions contiguës, il est vrai, mais étant toutes à des distances différentes ; chez lesquels sont, dis-je, 1o  le sillon mamellaire et son bout de sein, opposés de situation aux os du bassin, ceux-ci formant le support de ces parties ; 2o  la glande longue et aplatie vers la région diaphragmatique, et 3o  le long réservoir intermédiaire entre le canal de sortie et l’organe fournissant moléculairement le lait à cette poche.

M. Duméril, qui m’avait entendu insister sur ce réservoir, no 3, comme formant le point principal de ma découverte, attribue, dans son rapport, à Ruisch l’idée de ce réservoir, traduisant ductus ainsi ; c’était trajet qui répondait à la pensée de Ruisch. La locution dont s’est servi M. Duméril impliquait donc confusion encore plus dans la pensée que dans les termes, et cela se sera ainsi présenté à l’esprit de ses auditeurs ; d’où ceux-ci auront emporté la conviction que Ruisch avait découvert avant moi ce réservoir, et qu’il avait par ses belles figures rendu inutiles les admirables dessins de notre très habile peintre Werner. À l’égard de celles-là, je les reproduirai moi-même sur ma planche, dont la gravure est presque terminée : c’est un complément minime dont j’enrichirai toutefois mon travail.

Toutes ces réflexions n’empêchent pas que je ne sois persuadé que M. Duméril ait voulu, dans son rapport, être juste et même bienveillant : je l’en ai remercié, comme je me plais à le faire ici itérativement. Il s’est mépris seulement sur les faits, errare humanum est, mais ce fut très conscieusement et honorablement ; car, resté dans ses anciennes préventions sur la question, son mérite de bonnes manières avec moi s’en est augmenté : ce qui me fait insister aussi vivement sur cette preuve d’amitié qu’il vient de me donner.

Lui. Je ne vous dissimulerai point que je trouve votre plaidoirie pressante. Mais je vous attends à l’argumentation de