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LACTATION DES CÉTACÉS.

n’empêcha pas que son uberibus nutriunt, etc., ne devînt le fond de la pensée publique et ne pénétrât dans le langage d’alors. Car mor-grec, ou femme de mer, tel est sur la côte de Bretagne le nom des femelles de Cétacés.

M. de Blainville ne savait rien de mieux, quand dans plusieurs occasions à l’Académie, il m’a opposé sérieusement le consensus omnium, le sentiment universel, cet état stationnaire de la science, avec lequel il déclarait sympathiser ; et cette pensée, il l’a résumée et solennellement fait inscrire dans le procès-verbal de nos séances le 17 mars et en ces termes : Des mamelles ; du lait produit par elles ; des tétines pour être saisies ; les petits tètent leur mère. Ainsi l’uberibus nutriunt, etc., de Pline dans toute sa portée, la lactation ordinaire des Mammifères, et, l’on peut ajouter, ces moyens bien appréciés chez la femme, obtiennent, par voie de continuation des vieilles opinions, en 1834, une pleine sanction scientifique ; remarquons-le, au sein de l’une des premières Sociétés savantes de l’Europe.

Pour qu’il y ait eu sur cela, entre M. de Blainville et moi, une discussion, où faut-il voir et placer le nœud de la difficulté ? Toute science est progressive ; elle reconnaît deux âges consécutifs ; elle a de faibles commencemens d’abord, puis elle prend de la force ; hier on savait moins, et aujourd’hui l’on se trouve avoir appris davantage. Hier l’anatomie des animaux s’en tenait aux seules réalités perceptibles oculairement, c’est-à-dire que chaque organe était pesé et mesuré dans tous les sens. Les diffé-