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ALIMENTATION

admission ailleurs. C’est dans le détournement intelligent de l’emploi physiologique des choses qu’il faut la dire ingénieuse ; natura ingeniosa, ont dit les anciens.

Portons notre attention sur le premier mode de nutrition des têtards. Éclos, ils se jettent, pour s’en nourrir, sur la substance pondue avec les œufs : de l’observation qui précède, il suit qu’elle n’est point miscible à l’eau, mais qu’au contraire elle s’en pénètre, y puise des élémens, s’accroît, se coagule, et devient une gelée, une sorte de blanc-manger. Tel est le mucus hydraté.

Que forts de cette instruction, nous nous reportions vers les dernières familles de nos Mammifères ; ce que nous y avons observé, c’est que des glandes, à portée des organes sexuels, et comprises dans les dépendances de ces organes, donnent un liquide par ponte, ou pissement, en vertu d’une éjaculation exécutée par la mère ; voulue ainsi par elle, car des muscles s’y trouvent à cet effet.

Ces glandes sont autrement faites que chez les Mammifères du commencement de la série, certes tout autrement que chez les Monotrêmes (voyez les auteurs et mes précédens travaux), et de même autrement chez les Cétacés (Baër).

Quel fluide donneront ces glandes ainsi différemment construites ? En consultant la science c’est du lait ou du mucus. Ou du lait, comme chez les Mammifères carnassiers et frugivores ; ou du mucus, comme chez les Batraciens.

Supposons du lait, que d’ailleurs les petits ne