Page:E. Geoffroy Saint-Hilaire - Fragments sur la structure et les usages des glandes mammaires des cétacés - 1834.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
CÉTACÉS NOUVEAU-NÉS,

fait historique, et que, dans l’exposé précédent, il apparaisse comme un cas possible ? J’y vois encore intervenir l’action des faits nécessaires. Il me semble que cette habitude arrive là nécessairement pour harmoniser tous les cas d’anomalie, toutes les sortes d’exigences d’une organisation soumise à ces deux influences contraires et prédominantes qui président à la formation des cétacés, savoir : la respiration de l’air en nature, et l’immersion incessante dans le milieu aquatique.

Allons au développement de cette proposition.

A-t-on assez réfléchi aux faits de gestation et de naissance chez les cétacés ? 1o  L’absence du bassin n’impose point une limite qui fasse obstacle au développement longitudinal du fœtus : il ne reste du bassin qu’un débris d’osselets en travers et suspendus aux chairs. Ceux-ci supportent la tête du fœtus, et la queue grandit dans l’abdomen en s’enfonçant dans les intestins et le long des viscères pour la formation de l’urine. Rien donc n’obvie, et, au premier ressentiment d’une surcharge sanguine, l’heure de la parturition est venue.

2o  Il est dans l’essence d’une peau épaisse et lardacée, qui enceint un fœtus de cétacés, de le faire, comme s’il occupait le centre d’une fourrure épaisse et non conductrice de la chaleur ; il est du moins là une cause d’influence pour un développement irrégulier. Le cœur, vers sa portion diaphragmatique entre les oreillettes, n’est point fermé : ce fait, de condition embryogénaire, se nomme trou botal. Le sujet arrive au terme de gestation en conservant cette imperfection ; mais, de plus, à sa sortie du sein maternel, où il était parfaitement garanti de l’impression du froid, il est tout à coup livré à cette fâcheuse influence. Il s’agit donc de l’empêcher de succomber à cette cause subite de souffrance, et l’instinct des mères ne manque point alors d’user de toutes leurs ressources : elles le retirent au fond d’elles-mêmes.