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D’UNE COCODETTE


— Donnant, donnant.

Quoique sa résolution fût bien prise, je me sentais tout interdite.

— Je suis charmée de vous voir devenue plus raisonnable, reprit madame de Couradilles. Mais il est bon de prendre ses précautions et de ne pas faire de fautes en de telles affaires. Vous ne pourrez sans doute pas recevoir ce monsieur ici ?

— Non, sans doute. Mon mari n’aurait qu’à se méfier, je serais trop facilement surprise.

— Et lui, de son côté, ne peut pas vous recevoir chez lui. Il y vient trop de monde. Vous y seriez indubitablement rencontrée.

— Alors, je ne sais pas…

— Il faudra donc que l’entrevue ait lieu chez moi, reprit madame de Couradilles. Oh ! ne redoutez rien. Vous serez à l’abri des indiscrets et vous aurez toutes vos aises.

— Mon Dieu, je n’en doute pas. Mais…

— Mais quoi ?

— Je voudrais bien savoir le nom de ce monsieur.

— Je vous ai déjà dit que c’était impossible.

J’avais hâte d’en finir. Cette conversation me mettait au supplice.

— Quel jour donc ? demandai-je.

— Voulez-vous demain ?

— J’aimerais mieux après-demain.

— Pourquoi ?

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