de ma toilette. Aussi mon succès fut-il complet.
Mon mari était radieux. Comme il s’agenouillait
auprès de moi, il me dit à l’oreille qu’il me
trouvait « éblouissamment belle ». Le fait est que
je ne crois pas qu’on ait vu à Paris, même à
Saint-Thomas d’Aquin, dans ces derniers temps,
beaucoup de mariées qui, sortant de l’église au
bras de leur époux, aient fait à ce dernier autant
d’honneur. J’étais contente de moi[1].
Je me sentais pleine de vie, de force, de grâce, de beauté… Il est juste d’ajouter que je ne ressentais pas d’amour pour mon mari. Mais l’inexprimable caractère de grandeur et de poésie de cette belle journée m’avait saisie. Ces toilettes, ces fleurs, cet air de fête, les parfums de l’encens, les sons de l’orgue, les voix des choristes, et, dans le chœur, autour de nous, cette foule choisie et recueillie, tous nos parents, tous nos amis ; puis, au dehors, ce mouvement de voitures, tout ce monde qui fixait sur nous des regards avides… J’étais comme sur la scène d’un grand théâtre, j’aspirais le bonheur de me sentir vivre par tous les pores et de toutes mes forces.
Si j’avais su, hélas !…
Après la fin de la cérémonie, lorsque nous
- ↑ Variante, ligne 9, après moi ; lire : Oubliant les peu rassurantes confidences de ma tante Aurore, j’étais devenue contente de moi…