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avait reçue se serait tournée en triomphe personnel. Cela est possible. Mais on doit supposer que s’il ne recourut à aucun moyen propre à accroître l’éclat de ces retentissants incidents et s’il renonça à se défendre, c’est qu’il savait ne pouvoir compter sur la majorité hostile et défiante dont le Maréchal l’accusait de s’être fait le complaisant. Il était, d’ailleurs, à une de ces heures où le caractère odieux des malentendus nés de la politique, l’âpreté des haines, l’iniquité des partis apparaissent dans toute leur horreur. Ils lui faisaient considérer une retraite immédiate comme un bien sans prix. Il n’eut pas l’énergie nécessaire pour essayer une résistance qui eût modifié les événements, et il abandonna la partie sans autre protestation que la lettre écrite par lui au président de la République.

Il y a lieu de placer ici un trait assez piquant et qui indique en quelle estime le Maréchal tenait le ministre dont il venait de se séparer avec plus de brutalité que d’habileté.

On sait que lorsqu’un ministre de l’intérieur se retire il est obligé de soumettre à l’approbation du chef de l’État un tableau indiquant l’usage qu’il a fait des fonds secrets pendant