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quentes que les plus éloquentes, parce qu’elles représentaient tout ce que la dictature impériale accordait à la France de vie publique.

M. Jules Simon ne possédait ni la dialectique serrée de M. Thiers, ni l’acerbe rhétorique de M. Jules Favre, ni la verve endiablée de M. Ernest Picard, ni l’éloquence musicale de M. Émile Ollivier. C’était tout cela et autre chose que cela, une émotion pénétrante et communicative, montant lentement, au fur et à mesure que la voix, faible d’abord, se grossissait en se gonflant de larmes, et tout à coup, éclatait dans un cri de colère, pour s’affaiblir ensuite épuisée par l’effort. Puis l’orateur continuait, insinuant, souple, se servant de son organe comme d’un instrument, modulant des sons, en tirant des effets inattendus, merveilleux dans l’attaque, doux au début, impétueux à la fin, incomparable dans la réplique, quand ayant saisi tous les arguments de l’adversaire, tour à tour, il les broyait, enfermant sa pensée dans une forme claire, portant l’empreinte du grand art, et assez maître de soi pour ne défigurer jamais par une expression exagérée ou mal sonnante l’harmonie de son discours.

Il porta ces mêmes qualités oratoires dans