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— Plutôt la mort mille fois que de devenir l’épouse de l’assassin de mon père !

— Eh bien ! vous mourrez alors.

Et, tirant de sa poche un fin stylet, George Brassey le brandit vers la jeune fille.

Mais à ce moment un domestique entrait pour desservir.

Le meurtrier cacha l’arme et attendit la sortie de son valet.

Il dit alors :

— Je vous donne jusqu’à ce soir pour réfléchir ; c’est mon dernier délai. Vous ne quitterez pas votre chambre ; je serai là, je veillerai. Si ce soir vous n’avez pas pris une décision vous mourrez !

Tremblante d’émotion, d’horreur, de colère et de mépris, Maud gagna son appartement, où son tyran l’enferma. Elle pria Dieu, puis son regard se porta vers les fenêtres, mais celles-ci s’ouvraient sur les jardins de l’hôtel. Ses appels seraient restés sans réponse et n’auraient pu que hâter sa perte.

Cette fois, elle se sentit perdue et se prépara à mourir en chrétienne. Elle passa dans les angoisses les quelques heures que son bourreau lui avait accordées. Elle songeait : mourir à dix-huit ans, alors qu’on ignore tout encore de la vie, alors que tout est espoirs et sourires. Mais elle se consola bientôt en songeant qu’elle allait revoir son malheureux père. Et elle s’expliquait maintenant le crime de son cousin. Elle se souvenait que M. Montluc lui avait dit un jour que George Brassey menait une vie d’aventurier et qu’on l’accusait de faire partie d’une bande de meurtriers. C’était pour cette raison