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jusqu’au dernier souffle. Il s’arma et attendit derrière le rocher angulaire. Il avança la tête et aperçut les cavaliers Sioux qui arrivaient, à la file indienne, l’étroitesse du défilé ne permettant pas le passage de plus d’un homme à la fois.

Une idée héroïque, insensée, folle, germa dans le cerveau du Gascon. Il résolut d’arrêter là le flot ennemi qui bondissait vers lui. Et il songea à son ancêtre, le grand Bayard qui, seul avait défendu le pont du Garigliano contre deux cents cavaliers espagnols.

D’Arsac se dressa, débordant d’ardeur, sentant en lui se décupler des forces nouvelles, les yeux fulgurants, éblouis par une soudaine vision de gloire et d’apothéose fantastique. Et, dans un rugissement terrible qui était son cri de guerre à lui, il clama :

— Chevalier d’Arsac ! le moment est venu de te montrer digne de ta race.

À ce moment, tes premiers cavaliers indiens apparurent devant lui. La main gauche brandissant son revolver, la main droite manœuvrant sa carabine comme une massue, d’Arsac lira et frappa avec rage.

Les trois premiers ennemis tombèrent l’un derrière l’autre.

D’autres arrivèrent au galop et leur poussée fit glisser tes cadavres de leurs précédesseurs dans le gouffre qui s’ouvrait de l’autre côté du défilé, tandis qu’à leur tour ils s’abattaient