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il n’avait plus dormi depuis des jours et des jours, du sommeil du juste, sans rêve et sans vision.

Mordious ! il avait bien gagné son repos et il voulait en profiter dignement. Aussitôt qu’il avait vu un lit tout blanc devant lui, il s’y était étendu et il s’y était endormi, avec cette belle insouciance qui était tout le fond de son caractère.

Mais d’où diable sortait ce chevalier d’Arsac ? nous demanderont nos indiscrets lecteurs toujours impatients de s’introduire dans la vie privée des personnages inconnus.

C’est bien simple et nous allons satisfaire leur curiosité légitime.

Gaston Terrail de Bayard d’Arsac de Savignac déclarait avec fierté avoir vu le jour dans le plus beau des châteaux qui eussent eu l’honneur de baigner leurs pieds dans la Garonne.

Il affirmait, avec non moins de fierté, descendre en ligne directe de Pierre Terrail, seigneur de Bayard, le célèbre capitaine que sa bravoure et sa générosité avaient fait surnommer, par ses ennemis mêmes, le Chevalier sans peur et sans reproche. Mais cette affirmation sortant de la bouche d’un Gascon n’était pas, à tort ou à raison, admise pur tout le monde. Les fils de la Garonne, jouissent, à ce sujet, d’une si mauvaise réputation que la vérité même sortant de leurs lèvres semble sujette à caution. Mais notre chevalier n’admettait pas que l’on doutât de sa parole et jusqu’à ce jour il n’avait point de détracteur, pour la simple raison qu’il avait pris l’habitude de rendre muets à