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luc. À dix-huit ans elle se trouvait donc sans soutien, sans ami. Elle ne se connaissait point d’autre parent qu’un cousin, George Brassey, orphelin comme elle, qui habitait Vancouver et de qui elle n’avait plus eu de nouvelles depuis sept ans.

Comme on le voit, Maud Montluc avait peu de souvenirs, et tandis qu’en cette veillée funèbre, elle priait, agenouillée près du lit où reposait son père, deux images seules se dressaient devant elle, résumant toute son existence : d’un côté un vénérable vieillard, à l’aspect débonnaire, toujours impatient de satisfaire les désirs de son unique enfant ; de l’autre côté, une figure toute nouvelle, apparue comme en songe, dans un éclair : un jeune et fringant cavalier à la mine altière qui semblait être descendu du ciel, au moment propice, pour la sauver. Deux images seulement, l’une ancienne, l’autre toute récente : M. Montluc et M. d’Arsac.

Et que faisait donc, en ce moment, notre chevalier tandis que son fantôme se mêlait à celui du mort dans la pensée d’une jeune vierge qui les unissait tous deux dans sa prière naïve et les englobait, eut-on pu dire, dans une même vénération, dans un même sentiment de reconnaissance et d’amour très pur ?

Notre chevalier rêvait-il à la jeune et belle enfant qui ne l’oubliait pas dans son pieux élan de ferveur ?

Non. En ce moment. Gaston Terrail de Bayard d’Arsac de Savignac dormait comme