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amour vainqueur

Ces paroles laissèrent une profonde impression dans l’âme de Rogers, qui aimait tant le chant et la musique ! Il fut épris soudain, d’un désir ardent de se vouer aux services des saints autels, par le spectacle grandiose et imposant de cette église, toute pavoisée de drapeaux et de lumières, aux autels décorés de bouquets et de fleurs, illuminés par des centaines de cierges dont la flamme vacillante répandait sur la figure des assistants, au chœur, des rayons de joie et de bonheur.

Rogers envia le sort de ces prêtres agenouillés au pied de Jésus-Hostie, qui semblaient comme lui, impressionnés par la beauté des cérémonies pieuses, et transportés dans les méditations où les considérations humaines et mondaines se perdent en de vaines et folles appréciations, incapables de comprendre tout le bonheur, que les âmes éprouvent dans la prière contemplative !

Rogers se rendit au collège de l’Assomption, emportant dans son cœur, un grand souvenir, de cette cérémonie qui l’avait tant impressionné, et des paroles du chant sacré qu’il avait entendues chanter avec tant de pieux recueillement par le Révd M. Dugas. Rogers se livra à ses études, avec non moins d’ardeur que par les années passées ; seulement, il paraissait plus pensif et plus rêveur ! Il n’était plus, du tout, ce jeune homme, à la figure souriante, et gaie ; il apparaissait toujours avec un air grave et réfléchi, tout comme s’il eut été continuellement préoccupé d’une idée qui devait exercer sur lui, une influence considérable.

Un jour, le Révérend M. Riopelle professeur de philosophie, qui avait remarqué cet air de tristesse peint sur la figure de Rogers, l’amena avec lui, dans le grand parterre qui se trouve en avant du collège, et là, assis sous un gros orme, le pressa de questions confidentielles : Mon enfant, lui dit M. Riopelle, avez-vous confiance en moi ? Oh ! Oui, répondit vivement Rogers ; vous avez toute ma confiance ! Je ne vous veux que du bien, Rogers, et si je me permets de vous faire certaines questions, je vous prie de croire que je vous les pose dans votre intérêt, et dans l’unique but de vous rendre la gaieté que j’ai remarqué que vous avez perdue.

Mais, mon Père, je dois vous dire que je ne sais pas ce dont vous voulez me parler. Je suis tout disposé à vous répondre.