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amour vainqueur

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quelques personnes constatèrent l’émotion qu’elle ressentit lors de la remise qu’on lui en fit.

M. Burrage n’attendit pas qu’elle demandât la permission d’ouvrir ce message, et lui dit : « vous pouvez lire mademoiselle et si vous désirez vous retirer, je me ferai un plaisir de vous être agréable. »

D’une main nerveuse et tremblante, Ninie ouvrit et lut secrètement : « Votre ami, Rogers, où est-il ? Goûtez-vous encore ses baisers ? »

Ce message était signé d’un nom inconnu !

M. Burrage vit tout le trouble de l’âme de Ninie et redoutant qu’elle s’affaissât, sous le coup de la surprise : « Sortons lui dit-il votre embarras me cause un malaise, et je vois que l’assistance semble inquiète à votre sort : allons, courage, le grand air vous fera du bien. »

Ninie regagna la demeure de ses parents ; tout le long du trajet, à toutes les questions qu’il lui fit, elle ne répondit simplement que ces mots : « Oh ! laissez-moi, voulez-vous ? laissez-moi pleurer, je me sens faible ! »

Sa mère, accourut au devant d’elle, toute joyeuse, comme d’habitude, mais changea vite son empressement gai, quand elle vit M. Burrage l’aidant à marcher, et qu’elle constata avec surprise les joues pâles de sa fille, grelottante et tremblante sous un frisson terrible ! mais qu’as-tu, ma chère enfant ? Es-tu malade ? Elle l’aida à se dévêtir, et la conduisit à sa chambre. Ninie ne pouvait répondre autrement que par des soupirs et un regard des plus tristes.

M. Burrage expliqua ce qui était arrivé, et se retira, silencieux et grave…

Seule, avec sa mère, à qui elle ne cachait rien, Ninie lui révéla la cause de son chagrin.

Oh ! mon enfant, ce n’est peut-être que l’œuvre d’une rivale ? il n’y a rien qui puisse t’alarmer !

D’ailleurs, n’as-tu pas décidé de le quitter cet ami Rogers ? Serait-il marié que tu devrais t’estimer heureuse, de ne pas l’avoir pour époux, car bien qu’il paraisse bon, sympathique, je ne l’aime plus, car il t’a délaissée, dans un moment où tu avais