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amour vainqueur

riche qu’il a pu se laisser emporter vers une orientation toute nouvelle dans ses amours ! Surtout, si comme tu me le dis, il avait des troubles financiers !

Un mariage d’argent serait pour lui la fin de ses tourments ! Allons ma chère enfant, n’y pense plus, pour le moment.

Plusieurs jours encore s’écoulèrent ; Ninie ne reçut de Rogers, aucune nouvelle : Alors, elle prit une décision de suivre les conseils de sa mère ; elle donna libre cours à toutes ses réflexions ! Je vois que mon amour est incompris, et que ma mère a raison ! Ma nature bonne, généreuse est abusée ! Puisque le sort veut que mon cœur souffre dans ses amours, désormais, se disait-elle à elle-même, plus d’amour !

Mais à peine, avait-elle pris cette décision, que revenant aux souvenirs de toutes les promesses, de tous les serments, que Rogers lui avait faits, elle se plaisait à l’excuser, et se décida de lui adresser encore une dernière missive, avec une note au coin gauche de l’enveloppe, prière de retourner après trois jours à…

Cette communication révélait l’état d’âme de Ninie ; elle lui dépeignait son chagrin et sa douleur ; et lui demandait de bien vouloir lui faire savoir ce qu’il avait décidé, quelle était la cause de son silence ; elle le rassurait de la fidélité de son amour ; ma vie toute entière t’appartient, tu le sais, Rogers, et je n’ai jamais songé un instant, lui disait-elle, de te reprendre mon amour ! Si tu ne m’aimes plus ou que les circonstances t’aient forcé à lier d’autres amours, veuille donc me le dire !

Les coïncidences dans la vie comptent, souvent, des déceptions, et occasionnent aussi des surprises auxquelles, personne n’est en droit de s’attendre.

Ninie se résigna peu à peu, à la circonstance !

Son cœur se refroidit et devint plus indifférent ; elle tournait ses pensées vers les choses pratiques ; blessée dans son amour le plus vivace, le plus noble, qu’elle avait jamais accordé à aucun jeune homme, elle perdit espérance de ne pouvoir jamais plus aimer !

Les meurtrissures de son cœur étaient si profondes qu’elle ne croyait pouvoir jamais les guérir autrement, que par des distractions renouvelées maintes fois. Elle ne se sentait plus capa-