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amour vainqueur

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hommes masqués battant avec des branches couvertes d’épines, une jeune fille ligotée, bâillonnée, se tordant sous la douleur, et la peur !

Trois coups de feu, successifs, retentirent dans la forêt ; l’un des hommes masqués, atteint à une région près du cœur et l’autre, au bras droit et à la jambe gauche, tombèrent par terre.

L’étranger, vainqueur, son arme encore fumante, encore terrible, pointée dans la direction des deux hommes étendus sur le sol, et se roulant sous l’étreinte de la douleur, se hâte de délier la jeune fille qui, à demi-morte, saute au cou de son sauveur, l’arrosant de ses larmes, et l’appelant son Sauveur ; les coups de feu avaient attiré aussitôt, la présence de deux des gardes du Mont Royal, mais les malfaiteurs avaient réussi à s’enfuir tandis que la jeune fille suspendue au cou de son libérateur, l’empêchait de les poursuivre.

Lorsque les deux gardes arrivèrent, le jeune homme avait sur ses genoux, la jeune fille qu’il venait de délivrer des mains de ces scélérats qui avaient pris la fuite ; elle avait la tête appuyée sur son épaule, la figure et les bras tout tuméfiés et ensanglantés, ses vêtements tout salis et déchirés, pâle comme une morte, balbutiant seulement quelques mots ; mon libérateur ! il crut reconnaître son amie d’enfance ; celle qui lui avait laissé tant de souvenirs ; celle pour qui il avait décidé d’essayer de se faire grand, noble et instruit ; celle qu’il avait voulu revoir après être reçu avocat ou médecin ; il jeta un regard d’étonnement sur cette tête aux joues pâlies par la frayeur, aux cheveux épars, à cette bouche demi-close, et cette intelligence inconsciente et lui demanda : Ninie est-ce bien toi, Ninie, il me semble te reconnaître ? Est-ce bien toi ? Au son de sa voix, Ninie, entr-ouvrit les yeux et quoique sous le coup de l’émotion et de la douleur, elle murmura : Rogers, est-ce toi, mon cher Rogers ? d’où viens-tu ? Mon Rogers, mon Sauveur ! Sans toi, j’étais perdue à jamais ! Qui t’a envoyé ici ? Suis-je dans un rêve ? Je suis si faible, mon Rogers, Rogers, mon sauveur ! Rogers, Guigues, le lac Témiscamingue, mes amours ! Rogers mon tout !

Le brave garçon serrait la jeune fille sur son cœur, passant sa main sur son front, il pleurait abondamment : les deux per-