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SUZANNE.
- Le péril que court ma vertu
- Bien à tort te trouble la tête ;
- Et ma sécurité, vois-tu,
- N’a jamais été plus complète.
- S’il s’agissait d’un amoureux,
- Tu pourrais n’être pas tranquille…
- Mais ce n’est pas bien dangereux
- Quand on en a… soixante mille !…
- On peut d’un cœur compatissant,
- A l’amant qui prie et s’enflamme
- Laisser cueillir en rougissant
- Le tendre baiser qu’il réclame ;
- Mais, vrai ! l’on y regarderait
- — La tâche étant trop difficile —
- Si par aventure, il fallait
- En recevoir… soixante mille !
HECTOR, souriant.
Tu as raison, le nombre me rassure.
SUZANNE.
À la bonne heure !… Enfin l’important, c’est que te voilà… Et madame Favart ?
HECTOR.
Elle était avec moi… mais elle vient de partir comme une flèche.
SUZANNE, étonnée.
Ah ! où est-elle allée ?
HECTOR.
Je l’ignore.
SUZANNE.
Mais le temps presse.
HECTOR.
Je le sais bien. (Apercevant madame Favart au fond.) Ah !… la voici !