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qu’il n’y ait pas lieu de différencier les deux formes de l’activité publique. La simple réjouissance, le corroborai profane n’a pas d’objet sérieux, tandis que, dans son ensemble, une cérémonie rituelle a toujours un but grave. Encore faut-il observer qu’il n’y a peut-être pas de réjouissance où la vie sérieuse n’ait quelque écho. Au fond, la différence est plutôt dans la proportion inégale suivant laquelle ces deux éléments sont combinés.

III

Un fait plus général vient confirmer les vues qui précèdent.

Dans leur premier ouvrage, Spencer et Gillen présentaient l’Intichiuma comme une entité rituelle parfaitement définie : ils en parlaient comme d’une opération exclusivement destinée à assurer la reproduction de l’espèce totémique et il semblait qu’elle dût nécessairement perdre toute espèce de sens en dehors de cette unique fonction. Mais dans leurs Northern Tribes of Central Australia, les mêmes auteurs, sans peut-être y prendre garde, tiennent un langage différent. Ils reconnaissent que les mêmes cérémonies peuvent indifféremment prendre place dans les Intichiuma proprement dits ou dans les rites d’initiation[1]. Elles servent donc également ou à faire des animaux et des

  1. Voici les expressions mêmes dont se servent Spencer et Gillen : « Elles (les cérémonies qui se rapportent aux totems) sont souvent, mais non toujours, associées à celles qui concernent l’initiation des jeunes gens, ou bien elles font partie des Intichiuma v (North. Tr., p. 178).