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Chaque groupe totémique a, en effet, son Intichiuma. Mais si le rite est général dans les sociétés du centre, il n’est pas partout le même ; il n’est pas chez les Warramunga ce qu’il est chez les Arunta ; il varie, non seulement suivant les tribus, mais, dans une même tribu, suivant les clans. À vrai dire, les différents mécanismes qui sont ainsi en usage sont trop parents les uns des autres pour pouvoir se dissocier complètement. Il n’existe peut-être pas de cérémonies où il ne s’en rencontre plusieurs, mais très inégalement développés : ce qui, dans un cas, n’existe qu’à l’état de germe, occupe ailleurs toute la place et inversement. Il importe cependant de les distinguer avec soin ; car ils constituent autant de types rituels différents qu’il faut décrire et expliquer séparément, sauf à rechercher ensuite s’il y a quelque souche commune dont ils sont dérivés.

Nous commencerons par ceux que l’on observe plus spécialement chez les Arunta.

I

La fête comprend deux phases successives. Les rites qui se succèdent dans la première ont pour objet d’assurer la prospérité de l’espèce animale ou végétale qui sert de totem au clan. Les moyens qui sont employés dans ce but peuvent être ramenés à quelques types principaux.

On se rappelle que les ancêtres fabuleux dont chaque clan est censé descendu ont autrefois vécu sur la terre et y ont laissé des traces de leur passage. Ces traces consistent notamment en pierres ou en rochers qu’ils auraient déposés en certains endroits ou qui se seraient formés aux points où ils se sont abîmés dans le sol. Ces rochers et ces pierres sont considérés comme les corps ou comme des parties du corps des ancêtres dont ils rappellent le souvenir ; ils les représentent. Par suite, ils représentent égale-