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Chapitre II

LE CULTE POSITIF

I. — Les éléments du sacrifice

Quelle que puisse être l’importance du culte négatif et bien qu’il ait indirectement des effets positifs, il n’a pas sa raison d’être en lui-même ; il introduit à la vie religieuse, mais il la suppose plus qu’il ne la constitue. S’il prescrit au fidèle de fuir le monde profane, c’est pour le rapprocher du monde sacré. Jamais l’homme n’a conçu que ses devoirs envers les forces religieuses pouvaient se réduire à une simple abstention de tout commerce, il a toujours considéré qu’il soutenait avec elles des rapports positifs et bilatéraux qu’un ensemble de pratiques rituelles a pour fonction de régler et d’organiser. À ce système spécial de rites, nous donnons le nom de culte positif.

Pendant longtemps, nous avons ignoré à peu près totalement en quoi pouvait consister le culte positif de la religion totémique. Nous ne connaissions guère que les rites d’initiation, et encore les connaissions-nous insuffisamment. Mais les observations de Spencer et Gillen, préparées par celles de Schulze, confirmées par celles de Strehlow, sur les tribus du centre australien, ont, en partie, comblé cette lacune de nos informations. Il y a surtout une fête que ces explorateurs se sont particulièrement attachés à nous dépeindre et qui, d’ailleurs, paraît bien dominer tout le culte totémique : c’est celle que les Arunta, d’après Spencer et Gillen, appelleraient l’Intichiuma. Strehlow