Page:Durkheim - Les Formes élémentaires de la vie religieuse.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment développée que sa signification véritable apparaît avec le plus de netteté. À ce titre encore, le totémisme américain, parce qu’il a derrière lui une plus longue histoire, pourra servir à éclairer certains aspects du totémisme australien[1]. En même temps, il nous mettra mieux en état d’apercevoir comment le totémisme se relie aux formes religieuses qui ont suivi et de marquer sa place dans l’ensemble du développement historique.

Nous ne nous interdirons donc pas d’utiliser, dans les analyses qui vont suivre, certains faits empruntés aux sociétés indiennes de l’Amérique du Nord. Ce n’est pas qu’il puisse être question d’étudier ici le totémisme américain[2] ; une telle étude demande à être faite directement, pour elle-même, et à n’être pas confondue avec celle que nous allons entreprendre : elle pose d’autres problèmes et implique tout un ensemble d’investigations spéciales. Nous ne recourrons aux faits américains qu’à titre complémentaire et seulement quand ils nous paraîtront propres à mieux faire comprendre les faits australiens. Ce sont ces derniers qui constituent l’objet véritable et immédiat de notre recherche[3].

  1. C’est ainsi que le totémisme individuel d’Amérique nous aidera à comprendre le rôle et l’importance de celui d’Australie. Comme ce dernier est très rudimentaire, il eût probablement passé inaperçu.
  2. Il n’y a pas, d’ailleurs, en Amérique, un type unique de totémisme, mais des espèces différentes qu’il serait nécessaire de distinguer.
  3. Nous ne sortirons de ce cercle de faits que très exceptionnellement et quand un rapprochement particulièrement instructif nous paraîtra s’imposer.